Bonjour ! Nous sommes le vendredi 22 novembre 2024 et vous lisez Pomélo, le média food pas comme les autres. Bonne lecture !
Il est 17h57, je suis dans le TGV retour et j’ai la tête qui tourne : je viens de finir le livre qui raconte le restaurant parisien Le Chateaubriand. Soufflé. Sonné. Je savais bien que je ne voulais pas emporter tout de suite avec moi ce bouquin qui vient de sortir aux discrètes éditions Entorse, ça sentait la drogue à plein nez. Le genre d’objet qui te met en apnée quand tu es journaliste dans la bouffe. Quelques jours plus tôt, à table, seul au resto, j’avais lu 166 pages d’une traite, incapable de lâcher la lecture, soulignant sans arrêt une anecdote, une punchline… En ayant les frissons aussi. J’ai déjà brièvement évoqué le projet dans Pomélo avant qu’il ne sorte, rappelez-vous : un livre qui ressemble physiquement à un livre de grand écrivain français, zéro recettes à l’intérieur mais 100 personnes interrogées - employés, ex-salariés, clients, amis, grands chefs, proches - qui déroulent la genèse du Châteaubriand. On pourrait croire que c’est un egotrip parce que 400 pages sans images pour un lieu, ça fait beaucoup. « Un livre entier sur un restaurant ? Mais qu’est-ce que vous allez mettre dans le chapitre 2 », s’amuse en introduction Jay Rayner, critique restos du Guardian.
Sauf qu’on comprend que ce n’est pas un lieu comme les autres, ni un chef (Inaki Azpitarte) comme les autres. Il faudra ce procurer le livre s’il en reste (tirage de 2 000 exemplaires, 55 euros mais il vaut chaque centime) parce qu’on comprend énormément du monde de la bouffe des ces 20 dernières années. On capte aussi qu’Inaki Azpitarte est véritablement non pas la première star mais la première rockstar de la cuisine en France. Au sens musical du terme quoi. Un trublion qui va écrire la suite de la fameuse bistronomie : il y avait déjà ces bistrots ouverts par des cuisiniers formés à la haute gastronomie (avec comme chef de file Yves Camdeborde et sa Régalade), Azpitarte injecte de la cuisine d’auteur dans ce même bistrot. « A une époque où tout le monde faisait des terrines, Inaki servait dans une sorte de verre un dashi au miso avec un petit morceau de foie gras. En 2003, personne ne servait un dashi ou un miso à Paris, même pas les Japonais », analyse dans le livre Andrea Petrini, influent journaliste et curateur culinaire.