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Du mardi au vendredi, le meilleur de la food

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Par Pomélo
8 mai · 6 mn à lire
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Le restaurant français qui fascine les plus grands journaux étrangers

Non, ce n'est pas à Paris mais dans la 105ème ville la plus peuplée de l'Hexagone.

Le 1er avril dernier, le New Yorker, vénérable bible des intellectuels américains, publiait un article intitulé “The Hottest Restaurant in France Is an All-You-Can-Eat Buffet”. Il s’agit d’un long, très long, très très long zoom sur les Grands Buffets à Narbonne, plus grand restaurant de France selon la formule consacrée (en 2023, plus de 390 000 personnes s’y sont attablées, déboursant 57,90 euros pour le menu hors boissons). “Il s’avère que la réservation la plus difficile en France n’est pas dans une destination étoilée Michelin comme Mirazur ou Septime. C'est dans un buffet à volonté situé dans un centre de loisirs municipal de la petite ville de Narbonne”, écrit l’autrice, Lauren Collins. Elle précise qu’il faut soumettre les noms des enfants de moins de dix ans au moins trois jours à l’avance (pour bénéficier des tarifs réduits) et que l’entrée est refusée pour les porteurs de survet’, tongs, casquettes et shorts.

Capture d'écran de l'article du New Yorker sur les Grands BuffetsCapture d'écran de l'article du New Yorker sur les Grands Buffets

Un magazine a un jour demandé au chef italien 3 étoiles Massimo Bottura quelle question on ne lui avait jamais posé. Il avait répondu qu’il n’y en avait pas, parce qu’une journaliste du New Yorker avait passé plusieurs semaines à ses côtés à l’occasion d’un portrait. Cet article est sans doute le meilleur écrit jusqu’ici sur les Grands Buffets. On apprend ainsi plein de choses, y compris des détails. Les citronniers éclairés du restaurant, plantés dans des caisses en bois (conçues à l’origine pour les jardins de Versailles) portent par exemple le savoir-faire des mêmes artisans qui fabriquent les lustres du château de Chambord.

On connaît l’offre de l’établissement, qui met l’Hexagone à l’honneur sur des kilomètres de buffets. Louis Privat, le propriétaire qui voit les Grands Buffets comme “le Louvre des plats”, estime que la gastronomie souffre de la mondialisation et que même les cuisines les plus créatives ont “perdu leur identité nationale”. D’où sa mission autant épicurienne que pédagogique qui veut ré-initier les Français en général et les jeunes en particulier à la culture de la table et aux arts associés. “Pourquoi mettriez-vous une tarte Tatin dans un verre à shot ?”, lance-t-il à la journaliste avant de dénoncer plus loin dans l’article les tentatives des chefs de faire passer des formes abâtardies de plats classiques à un public sans méfiance. “C'est une bêtise. Imaginez : servir un Mont Blanc sans châtaignes, ou appeler une assiette de haricots un cassoulet. C’est le principal combat que nous menons aujourd’hui, ne pas laisser ces plats se corrompre, même si les recettes ne sont pas brevetées”. Privat considère que la bistronomie, qui a fait disparaître les nappes et l’argenterie, est une croisade de réduction des coûts déguisée en tendance.

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