Et aussi : pizza sans pâte, l'appli dont tout le monde va parler, Mory Sacko et Omar Sy...
Je l’ai déjà écrit : je suis fatigué de toutes ces nouvelles adresses food. J’avais même dégotté un mot sanskrit (« klama ») pour le dire. Mais comme tout est affaire de paradoxes et de contrastes aujourd’hui, il faut reconnaître que l’on vit un âge d’or de la restauration, vous ne trouvez pas ? Il se passe peut-être « trop » de choses, mais il se passe des choses — et j’ai envie de vous parler de deux exemples.
Le premier est un livre, le dernier de Jean-François Mallet, photo-reporter à l’origine de Vorace, qui sortira le 31 octobre aux éditions de La Martinière. Jean-François a déjà sillonné le monde, littéralement, notamment pour le magazine Saveurs dont il a tiré un bouquin qui m’a donné envie de faire ce métier, Take Away. C’était en 2009 et il s’agissait d’un panorama de la street-food dans de nombreux pays. Cette fois, le bonhomme s’attaque à la street-food… à Paname. En 80 adresses, la plupart nées avec ou après le Covid. C’est un livre de photos : on va en cuisine, on voit les clients manger — et j’espère qu’il va bien se vendre parce que c’est sans doute un livre important (et, à 29,90 € pour plus de 600 pages, c’est presque cadeau). Il témoigne de notre nouvelle façon de manger. J’avais Jean-François au téléphone il y a quelques jours : il lit dans la presse que les restaurants se plaignent de ne pas faire assez de chiffre, mais les endroits qu’il a shootés pour ce projet ne savent plus comment faire tant ils ont du monde.
La deuxième chose dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui, c’est une sorte de nouveau modèle de restaurant, dans l’accès et la fréquentation. Je connaissais les members clubs, ces clubs privés de Londres à Los Angeles qui réunissent des gens fortunés désireux de manger et faire la fête entre eux. Voilà que le New York Times s’attarde sur des endroits d’un autre genre avec ce titre : « Think Getting a Reservation Is Hard? Try Getting an Invite. » Je résume : pour faire le buzz trier leurs clients afin de mieux s’en occuper, des établissements exigent désormais une invitation pour s’y attabler. En gros, il faut connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un…
Un bar de New York, le People’s, parle de « réservation par recommandation ». « Il s’agit de résoudre un problème très concret à New York en ce moment. Les gens n’ont pas l’impression d’avoir un espace qui leur appartient vraiment, où ils pourraient croiser leurs amis, rencontrer quelqu’un qu’ils sont ravis d’avoir rencontré, et où ils pourraient obtenir une table sans débourser 5 000 dollars », explique au quotidien américain la cofondatrice des lieux, Mme Hauer-King (elle avait envoyé un lien de réservation par mail à 300 amis, en leur demandant de le transmettre à leurs propres amis, qui en ont fait de même). Il y a aussi l’exemple de Hori, un izakaya de huit places dans la Grosse Pomme. Ailleurs aux US, le chef Jon Krinn réserve son restaurant gastronomique de 30 places, Elyse, ouvert début 2024, uniquement à ses clients fidèles (il a envoyé une newsletter avec bouton de résa à 4 500 personnes). Un « restaurant privé », considère-t-il.
À San Diego, le restaurant Sabor de mi Rancho fait, lui, « travailler » ses futurs clients : on n’y dîne qu’après un échange approfondi, à savoir suivre la table sur Instagram, envoyer des DM, liker, commenter des vidéos et des stories… Casa Bonita, près de Denver, n’a instauré des réservations… qu’après 15 mois d’exclusivité. Qui a dit que le client était encore roi ?
Vous connaissez les FAB Awards ? En Angleterre, c’est la récompense ultime pour tout le secteur de la communication du food and beverage : de la publicité aux RP en passant par toutes les activations terrains et expérientielles. Le Groupe INfluencia, qui édite 6 newsletters thématiques et organise une trentaine d’évents B2B, a eu la bonne idée d’adapter la compétition pour la France. Cela va se dérouler le 22 janvier prochain à Paris mais les candidatures sont à envoyer d'ici le 19 décembre prochain. Tout l'écosystème food est concerné : marques nationales et locales, distributeurs, enseignes de restauration, start-up et DNVB (marques 100% digitales) coopératives, agences de communication, médias, producteurs de contenus et influenceurs... À vos candidatures ! Plus d'infos par là.
Collaboration commerciale
Un réseau social autour des restos : beaucoup s’y étaient essayés, y compris des Français (comme la plateforme Gourmets Club il y a une dizaine d’années), mais ce sont des Américains qui sont en train de réussir ce pari. Ça s’appelle Beli : une appli mobile, lancée il y a 4 ans à New York par un couple de foodies, qui est en train de devenir un petit phénomène. Je vous la fais courte : Beli reprend les codes de Tinder et d’autres applis de rencontres puisqu’il faut dire si vous avez aimé un resto testé ou non, puis le comparer à d’autres tables testées, afin que l’algorithme attribue à l’établissement une note sur 10. L’établissement en question affiche ainsi votre note à vous, la note de vos « amis » (enfin, ceux que vous suivez sur Beli) et une note générale pour l’ensemble des utilisateurs. Café, boulangerie, bar, bistrot : on peut associer la personne avec qui l’on est venu, préciser la date de visite et ses plats préférés, ajouter des photos…
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