Quand le guide rouge fait évoluer d'une façon étrange son totem...
Je l’ai déjà écrit, j’ai du respect pour l’institution qu’est Michelin : son grand âge, le maillage du territoire français comme personne des bistrots et adresses plus luxueuses, la force que représente l’étoile, la persévérance à payer à l’année toute une colonie de mangeurs masqués à l’heure où la critique gastronomique est morte (ou quasi) chez nous… Mais cela n’enlève rien à ce que je pense suite à l’annonce du partenariat resserré entre Top Chef et le guide Michelin.
Mettre à contribution les inspecteurs tout au long des épreuves de l’émission culinaire phare de M6 et en faire une sorte de nouveau juré collectif et de l’ombre, je trouve ça malin. Malin parce qu’on parlera du Michelin au-delà de la prise de parole annuelle pour dévoiler le millésime France 2025 (le 31 mars à Metz lors de la traditionnelle cérémonie de remise des nouveaux astres). Je ne sais pas exactement qui sont les téléspectateurs du programme mais ils étaient plus de 2 millions l’an dernier chaque mercredi soir. Toucher les masses donc pour le guide rouge. Si certains candidats se démarquent, les critiques Michelin pourront décerner un “coup de coeur” et s’il est doublé pour un même candidat, ce dernier sera directement propulsé en quart de finale. Du côté de Top Chef, le tampon “Michelin” est toujours précieux et constituera un angle d’appréciation différent de celui des jurés permanents, tous cuisiniers professionnels.
Là où les choses se gâtent, c’est pour le “dénouement exceptionnel”. Il l’est effectivement : un restaurant - spécialement créé pour l’occasion - sera le théâtre de la bataille entre les deux finalistes mais ce n’est pas tout puisque si les réalisations du vainqueur sont jugées “convaincantes”, une étoile Michelin pourra être attribuée. J’ai reçu des tas de messages d’acteurs de la food qui se demandaient si c’était un poisson d’avril. Ça ne l’est pas. Et ce non-poisson d’avril est problématique pour une multitude de raisons :
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