Bonjour ! Nous sommes le dimanche 12 janvier 2025 et vous lisez Pomélo, le média food pas comme les autres. Bonne lecture !
Je n’ai jamais rencontré Petitrenaud, ce qui n’empêche pas une forme de tendresse pour les gens qui ont fait le même métier que soi d’autant que le club des journalistes à fourchette n’est pas immense. Il avait aussi occupé le fauteuil de « Mister gastronomie » de L’Express vingt ans avant que ce ne soit mon cas, en 2019 et 2020. J’aurais pu - et dû - demander audience afin de faire sa connaissance mais pour dire la vérité, Petitrenaud, je n’y pensais pas trop, je n’avais pas grandi avec, nous n’avions pas la télé à la maison. Lui non plus, enfin presque : il avait le droit à la petite lucarne une fois par semaine, chez ses voisins. Des années plus tard, c’est lui qui régnera chaque dimanche sur le poste cathodique des Français, les mettant en appétit juste avant leur déjeuner (le programme commençait à midi pétante et durait 26 minutes).
L’homme était parti pour faire le clown, littéralement (la preuve avec cette vidéo de 1979, il avait 28 ans) et il a fini dans les casseroles, utilisant ses premiers amours qu’étaient le cirque et le théâtre pour faire le show. En regardant sur le tard interviews et reportages, je me suis dit que Petitrenaud était peut être le Fabrice Luchini du journalisme gastronomique, il s’exprimait avec panache et poésie, une jolie gouaille quoi, ce qui n’aurait pas dû lui déplaire de par l’origine du terme, qui désigne au départ l’éloquence des « harangères », vendeuses de harengs des anciennes Halles de Paris. Quand on lui fait déguster une gelée de cidre, on entend les « slurp » : il met de la matière dans ses reportages, sa scène de théâtre hebdomadaire. « Il mimait le bruit des frémissements, a inventé un style, une manière de parler de la gastronomie. Il a théâtralisé la table », ai-je entendu hier matin sur Europe 1 dans La Table des Bons Vivants de Laurent Mariotte avec une émission spéciale - hommage. Il aimait se définir comme « conteur », c’était peut être ça ce style.
Si Petitrenaud est entré dans le paysage des Français, c’est aussi par sa longévité. La fidélité professionnelle, il savait ce que c’était : pas loin de vingt ans (en deux fois) chez Europe 1, deux décennies aussi auprès de France Télévisions, d’abord sur France 3 avant que la Cinq ne lui ouvre les bras, remplacé sur le premier canal par un certain… Joël Robuchon. Il avait mal pris cette éviction, pensant être protégé par ses 22% d’audimat. C’est à la radio que ce natif de Clermont-Ferrand fit ses débuts journalistiques, on l’entendit logiquement sur la future France Bleu Pays d'Auvergne mais également pour une antenne suisse. Dans un portrait publié en 2000, Télérama note « qu’Europe 1, en 1993, lui apporte une audience nationale ». Il fera un passage chez France Inter par la suite, réveillant les auditeurs avec une chronique diffusée à 6h10.
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